Des arbres exceptionnels
Le tilleul peut vivre jusqu’à 800 ans et mesurer jusqu’à 30 mètres de haut pour les sujets les plus anciens.
Description botanique
Le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) fait partie de la famille des Tiliacées. Les feuilles sont alternes [1], en forme de cœur, glabres [2] et finement dentées. Des poils roux se situent à l’aisselle des nervures sur la face inférieure des feuilles. Le tilleul possède des petites fleurs de couleur jaune blanchâtre qui se transforment en fruits secs globuleux.
Etymologie
Le mot « tilleul » viendrait du grec tilos, désignant la fibre extraite de son écorce (le liber). Tilos devint tilia en latin, mot désignant le lien, qui a ensuite donné tilleul en français.
Le mot latin cordata fait référence à la forme de ses feuilles en forme de cœur.
Symboles
Le tilleul symbolise l’amour, l’amitié, la fidélité. En Wallonie, c’est l’emblème de la « douce compagnie ».
Le tilleul est un arbre féminin dédié à Vénus, déesse de l’amour dans la mythologie romaine, et à Freyja, son homologue dans la mythologie germanique.
Usages et propriétés
Depuis la préhistoire, le liber (la pellicule qui existe entre l’écorce et le bois) servait à tisser des liens, des cordes et toutes sortes d’objets.
Quant au bois, il était utilisé pour créer des sculptures, des ustensiles, des sabots, des crayons, des allumettes, des jouets, des récipients, … Actuellement, on l’utilise en ébénisterie ainsi que pour produire des crayons, de la pâte à papier et des panneaux de fibres et particules.
Depuis l’Antiquité, les fleurs de tilleul sont utilisées en médecine, sous forme d’infusion notamment, pour leurs propriétés antispasmodiques, calmantes, sédatives, digestives et rafraîchissantes.
C’est précisément pour cette vertu sédative que les cours d’écoles ont longtemps été plantées de tilleuls, arbres d’ornement procurant une ombre généreuse qui plus est.
Les jeunes feuilles peuvent être mangées en salade, cuisinées comme des épinards ou farcies comme des feuilles de vignes.
Biodiversité
Le tilleul est une plante mellifère attirant de nombreux insectes pollinisateurs.
Des insectes et des acariens se nourrissent des feuilles, de la sève, des fruits et/ou y pondent leurs œufs.
L’espèce la plus fréquente et la plus abondante est une punaise rouge et noire appelée Gendarme (Pyrrhocoris apterus), qui se nourrit des fruits tombés au sol. En absence de tilleul, le Gendarme se nourrit d’autres végétaux ou de petits insectes morts ; il est donc très utile au jardinier dans la lutte biologique.
Pourquoi est-il intéressant de laisser l’arbre « mort » sur pied ?
Un arbre mort sert d’habitat et de nourriture à de nombreuses espèces animales (insectes, oiseaux, mammifères, batraciens, reptiles), végétales (plantes épiphytes, mousses, lichens) et champignons, dont certaines sont essentielles au processus de décomposition de l’arbre. Indispensable à la vie de ces espèces, l’arbre mort favorise le maintien de la biodiversité.
Les pics et les champignons lignivores, en creusant des cavités dans les arbres, créent autant de micro-habitats recherchés par les organismes cavernicoles. Par exemple, les cavités creusées par le pic profitent par la suite à d’autres espèces d’insectes, d’oiseaux et de chauve-souris.
Les tilleuls à petites feuilles dans le Parc du Ry-Ponet
Les tilleuls de la chapelle Sainte-Anne
Le tilleul de la rue des Anglais
[1] Les feuilles sont alternes si elles sont situées isolément le long de l’axe de la tige, en opposition aux feuilles opposées qui sont situées par 2 en face à face le long de la tige. [2] Glabre signifie dépourvu de poils.
Cet article a été rédigé par Sandra Moreels, membre de la Plateforme Ry-Ponet, mais également du Cercle des Naturalistes de Belgique.
Pour en savoir plus
- Flore forestière française, Tome 1 Plaines et collines, J.-C. Rameau, D. Mansion, G. Dumé, C. Gauberville, 1989.
- Le tilleul, L’arbre qui tisse des liens, Bertrand, 2019, Coll. Le compagnon végétal – Tome 21, Ed. De Terran.
- Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Lieutaghi, 2004, Ed. Actes Sud.
- Des plantes et leurs insectes, B. Didier et H. Guyot, 2012, Ed. Quae.
- Le gendarme (Pyrrhocoris apterus) dans les carnets nature de Jessica.