Gaston de la Rousselière a vécu au château des Bruyères et en a indirectement orienté sa fonction ultérieure, celle d’hôpital.
Pour mieux comprendre qui est Gaston de la Rousselière, il est bon d’en savoir un peu plus sur son père, Amédée de la Rousselière (1804-1872). Issu de la haute noblesse bretonne, il est l’aide de camp du général Magnan de l’armée française, détaché à Bruxelles pour aider à constituer l’armée de la nouvelle Belgique. Il quitte le service en 1836 pour épouser Marie-Zoé de Floen (fille unique du baron de Floen d’Adlercrona, Suédois d’origine, ancien officier au service de l’Autriche et membre des États-Généraux du royaume des Pays-Bas) et héritière du château de Fayembois où il vivra. Mais Amédée de la Rousselière n’est pas qu’un militaire, c’est aussi un homme de lettres qui écrit des pièces de théâtre et surtout un homme avec une fibre sociale, très conscient de la misère ouvrière qu’il voit autour de lui. Grand catholique, il crée des œuvres de charité mais va plus loin en développant l’idée d’un système de sécurité sociale par la création de groupements d’entraide mutuelle. En cela, il se démarque de son milieu, la grande bourgeoisie industrielle. Il écrit aussi un traité de pédagogie (une méthode de lecture) et crée des écoles. « Ainsi, de la Rousselière fut-il parmi la poignée de gens bien nantis qui se refusèrent à ne pas voir la misère autour d’eux et la combattirent en dépit de l’incompréhension, de l’opposition et de l’intolérance de leurs pairs ».
Et c’est bien connu, les chiens ne font pas des chats.
Gaston de la Rousselière naît le 7 juillet 1842.
Il est pétri des mêmes valeurs que son père et proche d’une congrégation qui vient de se créer : les Filles de la Croix.
Il épouse, en 1868, la comtesse (Marie-)Louise de Robiano (1842-1874). Ils ont deux enfants : Emmanuel (1869-1870) et Marie (1871-1906).
En 1873, Gaston de la Rousselière acquiert le château des Bruyères vendu alors par le baron Paul-Michel de Favereau et y fixe sa résidence avec sa famille.
Hélas, la phtisie (tuberculose pulmonaire) frappe durement la famille : le fils, âgé de moins d’un an, puis la mère (un an après leur installation au château) en décèdent, ainsi que sa fille, 33 années plus tard alors qu’elle n’a que 35 ans.
En 1877, Gaston de la Rousselière poursuit tout de même la transformation du château. Il le fait exhausser d’un étage. C’est à ce moment que celui-ci prend le nom de « château des Bruyères ».
Sur le fronton de la façade, il fait placer les armoiries « de la Rousselière – de Floen d’Adlercrona » (ses parents) et « de la Rousselière – de Robiano ». On retrouve également ces armoiries dans les vitraux de la chapelle attenant au château.
Dans leur ouvrage « Historique de la Paroisse de Bois-de-Breux » écrit en 1940, les frères Marganne indiquent que Gaston de la Rousselière est le premier président de la conférence de Saint-Vincent de Paul fondée en 1866, créée en 1872 l’école libre pour filles et pour garçons de Bois-de-Breux, et est un donateur de la caisse de retraite créée en 1899 pour « faire pénétrer dans la population l’idée de prévoyance », consacrant ainsi presque toute sa fortune à diverses œuvres.
A la fin de sa vie, il confie à la mère supérieure son désir de voir son château devenir un sanatorium pour les malades pauvres.
Dix ans avant son décès, il vend néanmoins le château à son cousin, le Chevalier Harlez de Deulin.
Gaston de la Rousselière, esseulé, est mort dans son hôtel particulier du 120 boulevard de la Sauvenière à Liège le 8 mars 1917 à 75 ans. Il est inhumé à l’entrée du cimetière de Bois-de-Breux dans un imposant monument funéraire. Ce monument, qui ressemble à une chapelle, est actuellement panneauté par manque d’entretien. On y retrouve les armoiries de la famille.
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Pour aller plus loin
- Fiche de Geneanet.
- AMBROISSE V., Le château des Bruyères à Bois-de-Breux, Nous avons glané pour vous, 1980.
- COLLARD Christian Jean, Bois-de-Breux ou l’historique d’une paroisse Liégeoise.
- DELHEZ Delhez José, Château de Fayembois, Résidence de Gaillarmont et Château des Bruyère, publication de Bel Air Pictures.
- MARGANNE F.M. et L., Historique de la Paroisse de Bois-de-Breux, 1940.
- NISSEN Laurent, Recueil de la tradition et esquisses du village des loups, 3 tomes, consultable auprès de la Commission d’Histoire Locale de Jupille, que nous tenons à remercier chaleureusement.
- VAPEREAU G., Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, 1865.
- WARZEE Claude, Le patronage Saint-Joseph, dans l’Histoire de l’institut Saint-Laurent à Liège
- WARZEE Octave, À travers le centre de Bois-de-Breux, carnet d’une balade gourmande et contée organisée le 15 avril 2018 par le Foyer Culturel de Jupille/Wandre.