Un des trois objectifs de la Plateforme Ry-Ponet est la reconnaissance du parc du Ry-Ponet, parc à caractère naturel et rural qui pourrait bénéficier à toute la population, dans le respect des habitants et des usagers déjà présents.
Depuis 2015, ce projet a fait peu à peu son chemin. En ce mois de décembre 2021, en publiant la première partie de l’étude qu’elle a commandée à un bureau spécialisé, Liège Métropole marque une étape importante pour définir l’avenir du Ry-Ponet. Force est de constater que le Ry-Ponet a un rôle précieux à jouer à l’échelle de la ville de demain.
Rappelez-vous…
02-2015 : constitution de la Plateforme Ry-Ponet avec 3 objectifs intimement liés, dont la création d’un Parc.
10-2017 : dépôt d’une motion « Pour la reconnaissance du Parc du Ry-Ponet » par 4 conseillers communaux de Liège, Beyne-Heusay et Chaudfontaine et signature par Chaudfontaine, par Liège, et sous une forme un peu revue par Beyne-Heusay.
05-2017 : rédaction du mémorandum de la Plateforme Ry-Ponet à l’occasion des élections communales et provinciales du 14 octobre 2018. Dans ce mémorandum figurent notamment les objectifs suivants :
- l’organisation d’un concours de Masterplan (plan directeur) sur l’espace du parc paysager du Ry‑Ponet
- l’instauration d’un moratoire sur tout projet immobilier sur la zone du parc
06-2017 : signature de ce mémorandum par Liège Métropole (la conférence des bourgmestres des 24 communes de l’Arrondissement de Liège)
01-2019 : reconnaissance par le Collège Provincial du Ry-Ponet comme site d’intérêt majeur pour l’avenir urbain de l’agglomération de Liège
11-2020 : lancement par Liège Métropole d’une étude « participative et de terrain » pour définir l’avenir du site du Ry Ponet.
03-2021 : désignation du bureau Atelier Caneva-s pour la réalisation de cette étude
Une grande étape franchie ce 20 décembre 2021
Ce 20 décembre 2021 a été publiée la première partie de l’étude appelée « Quel avenir pour le ‘Ry-Ponet’ ?» qui a pour objectif de « permettre aux communes concernées de définir une vision partagée du site du Ry-Ponet et d’aboutir à la rédaction d’un document de référence ». La première partie consiste en un diagnostic du site. Elle vise à approfondir les connaissances de ses caractéristiques intrinsèques. Au terme de ses 216 pages, on ne peut qu’admirer le travail extrêmement complet qui a été réalisé.
Le rapport peut être téléchargé en cliquant sur la couverture du rapport ci-dessous.
Un espace en vision « grand angle »
L’objet de l’étude est l’ensemble du vaste espace ouvert d’environ 400 hectares sur les versants exposés sud de la Vallée de la Vesdre, proche de la confluence avec l’Ourthe. Cet espace est principalement constitué de zones agricoles et boisées, entourées de zones urbaines. Les 400 hectares concernent 4 communes voisines, avec comme répartition (par ordre décroissant) 142 ha sur Beyne-Heusay, 115 ha sur Liège, 96 ha sur Chaudfontaine et 51 ha sur Fléron.
C’est déjà une première (et grande) satisfaction pour notre Plateforme Ry-Ponet : la zone étudiée est intégralement celle que nous souhaitons défendre et promouvoir dans le cadre de notre projet de parc du Ry-Ponet.
Une méthode originale
L’étude comprend une analyse du site pour le moins originale. Elle se base sur ce qu’on appelle les « services écosystémiques » qui sont apportés par le Ry-Ponet. Kezako ? Les services écosystémiques sont « les biens et services rendus à la société par les écosystèmes » (rapport “Quel avenir pour le Ry-Ponet ? diagnostic”, page 16). Ils se regroupent en trois familles : les services de production, les services de régulation et les services culturels.
Sur base de 4 approches – juridique, cartographique, entretiens individuels avec les acteurs du site et un (seul) atelier participatif (en juillet 2021, juste avant les inondations) – le bureau a parcouru et classé 48 services écosystémiques. Chacun de ceux-ci a été analysé en détail. Ils sont à chaque fois illustrés d’une carte du site.
Ces 48 services écosystémiques ont été partagés en services de production (alimentation, matériaux, énergie), de régulation (des pollutions, des évènements extrêmes et des processus biologiques) et culturels (environnement de la vie courante et pour les loisirs, source d’expérience et de connaissance, source d’inspiration, de valeur, d’héritage, activités économiques, commerciales et de logement).
Pour chaque service, le bureau Caneva-s présente un petit résumé de l’état des lieux, une carte, un retour des ateliers, et parfois la parole d’acteurs.
Des services très parlants
On pointera spécifiquement l’importance qu’accorde l’étude au fait que le Ry-Ponet « est le résultat d’interactions complexes entre des facteurs anthropiques (les activités humaines) et des facteurs naturels (le socle). » et qu’il faut donc « questionner la qualité du socle paysager eu égard aux pratiques des acteurs agissant sur le site ». (rapport “Quel avenir pour le Ry-Ponet ? diagnostic”, page 16)
Au sujet du premier service écosystémique de « production alimentaire » dénommé « grandes cultures », le rapport démontre combien le territoire était historiquement structuré par un réseau de petites fermes consacré à l’élevage bovin et que la vente des terres agricoles et l’arrivée des grandes cultures (d’ailleurs sur une grande partie des sites actuellement menacé par des projets d’urbanisation) a transformé le site, en transformant les fermes (dont la ferme Sainte-Anne) en fermes « hors sol », c’est-à-dire « sans aucun lien avec les terres exploitées qui l’entourent et ne représentant plus qu’un ensemble bâti sans réel usage […] »
L’analyse des autres services écosystémiques permet également d’ouvrir les yeux sur d’autres fonctions importantes du site, comme par exemple la prévention contre les inondations et la préservation de la diversité floristique et des habitats pour la faune.
Le rapport comprend également les conclusions de l’atelier participatif qui s’est déroulé le mardi 13 juillet 2021 ainsi que les résultats des nombreux entretiens individuels qui ont pu avoir lieu. Les résultats traduisent les « préoccupations qui apparaissent comme prioritaires auprès des acteurs du Ry-Ponet. Les premières préoccupations des acteurs vis-à-vis du site et qui font consensus sont les qualités de l’eau, la préservation des ressources en lien avec les sols et les valeurs paysagères du site du Ry-Ponet. Les deux premiers mettent en évidence le rôle d’auto-régulation que doit jouer le site et le troisième met l’accent sur la perception culturelle qu’ils ont du site, en l’occurrence son caractère patrimonial paysager. ». ( rapport “Quel avenir pour le Ry-Ponet ? diagnostic”, page 158) Le classement coté relaie en dernière position « l’accueil de nouveaux habitants sur les terres agricoles » comme « thématique à éviter absolument, capable d’épuiser voire détruire les ressources, valeurs et qualités du site du Ry-Ponet » ( rapport “Quel avenir pour le Ry-Ponet ? diagnostic”, pp. 160-161).
Des enjeux et des défis
Le rapport contient ensuite un chapitre intitulé « Stratégie prospective » qui reprend 3 grands défis et 10 grands enjeux pour la valorisation des ressources, qualités et valeurs intrinsèques du site du Ry-Ponet.
Défi n°1 : Les services écosystémiques de régulation pour la préservation d’un environnement viable, mettant en évidence l’eau (prévention des inondations, de l’érosion et préservation de la qualité de l’eau – de surface et souterraine), la terre (préservation de l’érosion et de la fertilité des sols), l’air (préservation de la qualité de l’air) et la biodiversité (faune et flore, soutien à la pollinisation).
Défi n°2 : Alimentation de petite échelle comme mode de production soutenable, avec production alimentaire carnée (élevage et petit élevage), végétale (petites cultures, fruiticultures, cultures émergentes) et valorisation de ces productions (via des activités économiques, artisanales et gastronomiques).
Défi n°3 : Services écosystémiques culturels pour la préservation et la valorisation du patrimoine, liant le patrimoine vivant (notamment bocager et intrinsèque), le patrimoine matériel (architectural, rural, historique, monumental et industriel) et la valorisation de ce patrimoine (à travers la pratique de la marche, de la randonnée et du vélo au quotidien, l’éducation et la sensibilisation à la nature et les valeurs gastronomiques).
Des atouts, des opportunités et des menaces
Ce premier rapport se clôture enfin par une énumération des atouts / opportunités / menaces pour le site. Nous reprenons ci-dessous ces énumérations. ( rapport “Quel avenir pour le Ry-Ponet ? diagnostic”, pp 198 à 203) en nous réjouissant de constater qu’elles correspondent aux valeurs que nous défendons depuis la constitution de la Plateforme Ry-Ponet.
Les prochaines étapes
Sur base de ce diagnostic, l’atelier Caneva-s est chargé dans les mois à venir de :
- proposer un schéma d’intentions qui mise sur la préservation des valeurs du site, donne une identité et précise les usages des lieux
- définir un plan d’actions à mettre en œuvre à court terme (3 et 5 ans), moyen terme (10-15 ans) et à long terme (30 ans soit « horizon 2050 »).
Liège Métropole prendra alors une position claire sur l’avenir du site dans le courant de l’année 2022.
Du côté des communes concernées
Chacune des 4 communes a relayé la publication de l’étude sur son site internet et/ou sur sa page facebook. Vous pouvez aller y faire un tour en cliquant sur les liens suivants : Beyne-Heusay, Chaudfontaine, Liège, Fléron.
Du côté de la presse
Cette actualité a été relayée dans la presse, au travers d’un article paru le 22/12/2021 sur le site RTBF.be, d’un article paru le 26/12/2021 sur le site de la DH, d’un article paru dans La Libre Belgique le 28/12/2021, et dans un article paru dans la Meuse le 29/12/2021.
A vous de jouer
N’hésitez pas à prendre connaissance du rapport et à nous transmettre vos impressions par mail à ryponet@gmail.com.