Le château des Bruyères, partie 2

La naissance d’un château et d’un parc (19siècle)

La « maison de plaisance » va connaître dans la seconde moitié du 19ème siècle deux transformations successives impressionnantes qui vont en faire le « château des Bruyères » que nous connaissons.

Une première transformation importante vers 1845

Vers 1845, Paul-Joseph-Célestin de FAVEREAU décide de transformer le château-ferme en une résidence plus « confortable ». A la suite de gigantesques travaux, le bâtiment va doubler de volume et adopter un style néo-classique. La ferme prend alors le nom de « château du Chabot ». Ce nom lui vient peut-être du relief inégal du lieu. Un chabot est en effet un poisson d’eau douce à grosse tête. Par extension le terme désignerait un relief tourmenté. Une lithographie de Antoine Vasse nous indique à quoi ressemble alors ce château et l’étang qui lui fait face, existant encore de nos jours.

Lithographie d’Antoine Vasse cerca 1850.

Parce qu’il n’est pas évident de voir en quoi ce château ressemble au château des Bruyères actuel, nous vous proposons par le biais d’une courte vidéo une analyse de cette lithographie. Le château de Favereau y apparaît ainsi de manière claire comme le « noyau » du château actuel.

Paul-Joseph-Célestin de FAVEREAU ne bénéficie pas longtemps de cette modernisation car une chute lui fait perdre la vie peu après. Son fils, le baron Paul-Michel de FAVEREAU, souhaite quitter Gaillarmont afin de rejoindre son nouveau château bâti à Jenneret (dans le Condroz, entre Ouffet et Ocquier). Il vend donc le domaine, passé de 27 à 45 hectares, à Gaston de la ROUSELLIÈRE.

De nouvelles modifications en 1873

C’est Gaston de la ROUSSELIÈRE qui va poursuivre les transformations en rehaussant l’édifice d’un étage et en lui apportant des notes du style éclectique en vigueur à l’époque. C’est lui aussi qui préfère l’appellation « château des Bruyères » à toute autre.

L’étage ajouté s’inspire des étages inférieurs. Le style des nouvelles toitures est par contre tout à fait différent. De la hauteur est donnée au château par les fortes pentes auxquelles s’ajoutent les motifs décoratifs en fer forgé qui ornent les terrasses faîtières. Les toitures sont percées par des lucarnes à frontons cintrés. Les boiseries des corniches et des lucarnes sont décorées de motifs multiples.

Le nouvel étage construit au-dessus de l’avant-corps (au-dessus du porche) est percé par trois baies décorées de motifs végétaux, le tout couronné par un attique qui comprend les armoiries des familles de la Rousselière et de Robiano (épouse de Gaston), soulignées par leur devise : “Dieu m’a fait fort”. Des travaux récents en toiture ont recouvert l’attique de manière assez maladroite.

Carte postale du 20ème siècle.

Une chapelle de style néo-gothique est construite sur la façade latérale sud. Des vitraux rappellent les familles « de la ROUSSELIÈRE – de FLOEN d’ADLERCRONA » (parents de Gaston) et « de la ROUSSELIÈRE – de ROBIANO » (Gaston et son épouse). La couverture était coiffée d’une flèche hexagonale (voir carte postale du 20ème siècle ci-dessus) aujourd’hui démontée.

La ferme, sans doute antérieure aux travaux de Gaston de la ROUSSELIÈRE, est remaniée lors des transformations. Elle permettait de s’alimenter en auto-production.

Photo de Pierre Robin, vue depuis le Bois Guéau, 2004.

Une grande partie de la ferme a été démolie. Ne subsiste que l’aile latérale.

À l’arrière de la ferme, un beau mur de clôture ceint ce qui devait être le jardin, que certains appellent encore « le jardin des anges ».

On notera également la présence de belles grilles à double vantail, dont l’une porte le chiffre d’anciens propriétaires « AJ » et « IL » que nous n’avons pas su identifier. Si vous possédez des informations sur ces chiffres, n’hésitez pas à nous en faire part.

À l’intérieur, si l’on en croit la fiche de l’inventaire du patrimoine et le descriptif rédigé par Laurent Nissen dans son très riche ouvrage en 3 tomes sur Bois-de-Breux, on trouve un escalier monumental avec une rampe en fonte peinte et chêne, au départ richement ouvragé, des pièces avec plafond à caissons avec coquilles, des lambris de chêne sculptés de style typiquement liégeois et des murs revêtus de cuir repoussé de Cordoue avec ornements polychromes et dorures, une salle à manger au décor de style néo-Renaissance et un salon néo-classique.

Un château mais aussi un parc situé dans un grand domaine

Au moment de l’acquisition par Gaston de la ROUSSELIÈRE, le domaine compte 45 hectares. En plus du château, de l’étang et de la ferme, il comprend 10 hectares de vergers, un bois avec des feuillus tricentenaires, le ruisseau dit « Ry Ponet » ainsi que quelques terres et vergers sur le versant opposé.

Au départ de la superficie du domaine (les actes précisent l’existence des 45 ha attenant au château) et des noms des propriétaires qui figurent à l’atlas de 1841, on peut raisonnablement supposer comment se répartissaient les terrains appartenant au domaine et quel était le tracé du périmètre de celui-ci.

Même si vers 1740, Saumery décrivait déjà un « beau jardin » et une localisation hors du commun, c’est Gaston de la ROUSSELIÈRE qui va profiter des paysages et points de vue ce site exceptionnel vers 1877 en créant un véritable parc parcouru par de nouveaux chemins pittoresques. Ceux-ci sont visibles sur une carte militaire de 1905 et plus clairement sur une carte de 1931.

Extrait de la carte IGN de 1931.

Le long de ces chemins sont plantés des arbres remarquables dont certains sont très heureusement toujours existants : le cèdre du Liban, des sequoias, des tilleuls, des châtaigners, des chênes etc. Ce sont parfois de véritables drèves qui accompagnent le promeneur.

Nous vous invitons à leur découverte dans notre onglet « Nature ».

Une belle curiosité

Des quatre vergers entourant le château, évoqués par Saumery et représentés dans la carte de Ferraris, on ne trouve plus que deux traces menues exactement au nord et au sud du château. Mais preuve que la production de fruits était importante sur ce site comme dans les alentours, un petit bâti discret, à moitié enterré, existe au nord de la ferme. Il s’agit d’une fruitière. Appelé parfois aussi fruitier ou fruiterie, cette construction était destinée à la conservation et au mûrissement des fruits récoltés avant maturité. Les fruits étaient disposés sur des claies situées dans la seconde pièce tandis que la première, laissée sous un léger niveau d’eau, permettait de réguler le niveau hygrométrique. Cette petite construction est d’un type très rare dans la région. En effet, les fruitières sont habituellement des locaux dédiés à la conservation des fruits localisés au sein des caves des châteaux mais ne sont que très rarement des dépendances. Les motifs décoratifs de la façade, de sytle néogothique, permettent de penser que cette construction date de l’époque des transformations opérées par Gaston de la ROUSSELIÈRE.


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