Nous ne sommes pas les seuls irréductibles Gaulois qui luttent contre des grands projets que des promoteurs privés ou des pouvoirs publics essaient d’imposer contre l’avis des populations locales. Un peu partout en Wallonie et à Bruxelles, d’autres associations existent depuis des années ou se sont créées récemment pour faire face à de tels problèmes.
Nous pensons qu’il est important que ces associations se rencontrent pour briser leur isolement, apprendre des expériences des autres, se coordonner, développer la solidarité,… C’est pourquoi nous participons à une série d’initiatives au niveau liégeois et désormais aussi wallon.
Occuper le terrain
Nous participons depuis un an à « Occuper le terrain », une initiative lancée par le centre culturel Barricade et qui réunit une série d’associations de la région liégeoise, notamment l’asbl Favechamps (Pierreuse, Liège), Citadelle Environnement (Liège), la Plateforme Ry-Ponet (Liège et environs), Vert et Vie (Esneux), le groupement CHB (contre la construction d’une liaison autoroutière entre Cerexhe-Heuseux et Beaufays).
Elle a pris la forme de rencontres permettant l’échange d’expériences à partir de situations parfois très différentes (un projet immobilier privé n’est pas la même chose qu’une bretelle d’autoroute, les problèmes de mobilité sont différents au centre ville et en périphérie,…) mais aussi des rencontres avec des acteurs comme Inter-Environnement Wallonie.
Voici comment « Occuper le terrain » présentait ses intentions lors de sa première rencontre sous le titre « Espaces verts en péril & mobilisations citoyennes » en novembre 2016.
« Au centre et en périphérie de Liège, des espaces verts préservés éveillent l’intérêt d’ingénieurs et de promoteurs ambitieux. Projets de lotissements ou de chantiers autoroutiers : les plans sont prêts. Des oasis de calme et de biodiversité sont voués à être morcelés ou rayés de la carte.
Ici et là, des riverains se mobilisent. Pour empêcher un gâchis et pour proposer des alternatives. Barricade donne la parole à ces collectifs de défense d’espaces verts menacés, à l’écoute d’une intelligence citoyenne, au delà des enjeux de clochers.
Une invitation à poser le problème en termes de biens communs et d’intérêt public. Et à s’inspirer de luttes urbaines victorieuses, par exemple, la sauvegarde du site de Favechamps, aujourd’hui unanimement saluée. »
Contre l’artificialisation des sols
C’est aussi à un niveau géographique plus large que des initiatives de coordination émergent aujourd’hui, signe que se multiplient les mobilisations locales contre des projets bétonneurs et asphalteurs de tout acabit.
En septembre, nous avons participé à une rencontre à Namur – organisée à l’initiative d’Inter-Environnement Wallonie (IEW), du syndicat d’agriculteurs FUGEA et des associations FoodFirst Information and Action Network (FIAN), Quinoa et Rencontre des Continents – qui a réuni une dizaine d’associations comme la nôtre venues des quatre coins de la Wallonie.
Le thème mis en avant était « la lutte contre l’artificialisation des terres » et a permis d’intéressants échanges sur nos expériences et nos pratiques, afin de créer des solidarités entre les luttes et renforcer le lien avec les associations participant au Réseau de Soutien à l’Agriculture Paysanne (RESAP).
8 Heures de Résistance aux Grands Projets Nuisibles et Imposés
Un mois plus tard, c’est cette fois à Bruxelles que nous avons participé à une autre rencontre sur un thème proche. Organisée à l’initiative du mouvement politique des objecteurs de croissance (mpOC) et du magazine Kairos, avec le soutien du Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (RéSAP) et des Acteurs des Temps présents, les « 8 Heures de Résistance aux Grands Projets Nuisibles et Imposés » ont réuni une trentaine d’associations et de mouvements.
Comme l’indiquait l’invitation :
« Ces dernières années, nous assistons à une accélération de l’accaparement des terres à des fins privées. Les petites exploitations agricoles sont les premières victimes de cette triste évolution (en Wallonie, depuis 1985, en moyenne 1.760 hectares de terres agricoles sont perdus chaque année) mais les forêts sont aussi victimes de cette dérive qui multiplie les zones artificialisées (routes, zonings industriels et commerciaux, habitat, loisirs de masse, sites administratifs,…). Les pouvoirs publics réagissent très peu à cette perte du patrimoine et parfois même y participent (vente de forêts domaniales, construction de maxi-prison sur des terres arables).
Ce sont donc des collectifs citoyens qui, en Wallonie comme à Bruxelles, s’organisent pour lutter contre cette destruction de leur cadre de vie au profit de projets s’inscrivant dans une logique productiviste et consumériste qui s’oppose à la nécessaire modération face aux menaces environnementales que les politiques disent pourtant vouloir maîtriser.
(…) ce 14 octobre 2017 une journée de rencontre permettra la rencontre de bon nombre de celles et ceux qui, en Belgique, se mobilisent pour préserver nos forêts et nos paysages, nos villages et quartiers. »
Et demain, tous ensemble…
On le voit, le foisonnement d’initiatives locales sur le terrain conduit ces derniers mois à une multiplication de rencontres. Celles-ci sont fort utiles pour permettre l’échange entre des associations qui n’ont souvent jamais entendu parler les unes des autres, simplement parce qu’elles se développent dans d’autres provinces et que les médias n’en rendent peu ou pas compte. Et pourtant il est toujours frappant de constater à quel point les problèmes rencontrés sont semblables, à quel point les promoteurs privés (et parfois publics) font preuve de la même arrogance et de la même insensibilité devant les protestations de la population mais aussi à quel point les participants à ces luttes, bien loin de se cantonner à un simple « Pas dans mon jardin », développent une riche réflexion sur des alternatives à construire.
Mais il nous semble nécessaire maintenant d’aller un pas plus loin et de ne pas se contenter de refaire à l’infini des rencontres de prises de contact et d’échange. Il nous semble temps de faire véritablement converger ces initiatives et d’autres encore pour aller vers la constitution d’un réseau permanent capable de faire circuler l’information, de développer la solidarité entre associations et de prendre des positions communes.
Espérons donc que ces premières initiatives déboucheront en 2018 sur un tel projet.