Le 18 février 2021, un grand article paru dans La Meuse évoquait la question que comptait poser au parlement wallon la députée liégeoise MR Diana Nikolic. Celle-ci voulait proposer à la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, que le site du Ry-Ponet soit reconnu comme un des deux nouveaux « parcs nationaux » que la ministre compte créer, en utilisant une (petite) partie des fonds européens pour la relance de l’après-Covid.
Depuis lors, cette question a été officiellement posée le 3 mars et la Ministre y a répondu tout aussi officiellement le 5 mars. Vous trouverez ci-dessous cet échange.
Que pouvons-nous retirer de la réponse de Madame Tellier ? Trois points au moins.
C’est, à notre connaissance, la première fois qu’un(e) ministre régional(e) wallon(ne) évoque le Ry-Ponet dans le cadre parlementaire. Et ce n’est pas une simple mention « en passant » mais bien une reconnaissance du grand intérêt du site et du travail « des centaines de personnes des alentours et au-delà qui, depuis de nombreuses années, réfléchissent et militent en faveur de la préservation et de la promotion du Ry-Ponet. »
Ensuite, c’est la confirmation de ce que notre projet de parc du Ry-Ponet ne rentre pas dans les conditions pour être reconnu comme « parc naturel » ou comme « parc national » du fait de sa « petite » taille par rapport à ce qui est requis pour ce genre de parc (au moins 5.000 hectares).
Mais c’est surtout le fait que le Ry-Ponet pourrait rentrer dans une nouvelle catégorie, celle de « parc national urbain », un concept dont la définition n’est pas encore fixée internationalement mais qui commence à être testé dans divers pays. Un bel avenir pourrait s’offrir à notre Ry-Ponet dans cette direction-là.
Pour une première apparition dans l’enceinte parlementaire wallonne, voici donc un premier pas prometteur qui ne peut que nous motiver à travailler pour voir se créer bientôt le Parc du Ry-Ponet.
Question écrite du 03/03/2021 de Mme Diana Nikolic, députée régionale MR
Retrouvez ici l’échange entre Mme Diana Nikolic et Mme Céline Tellier:
J’ai déjà parlé à Madame la Ministre du site du Ry-Ponet, qui se trouve à 5 km du centre historique de Liège et se compose de 300 hectares de prairies, de cultures agricoles, de landes et de bois. Je l’invitais à mettre les acteurs autour de la table pour réfléchir ensemble à la protection d’un tel site, au grand intérêt paysager, et elle s’était montrée ouverte à cette suggestion.
C’est un véritable poumon vert tant pour la Ville de Liège que pour les autres communes et les usagers de ce lieu bucolique. Il pourrait en outre s’agrandir à d’autres sites voisins, comme le Bois les Dames à Chaudfontaine, qui vient d’annoncer son intention de s’engager vers une plus grande protection de la nature.
Madame la Ministre a-t-elle pu organiser une rencontre avec les différents partenaires institutionnels et associatifs ?
La création d’une zone de protection pour ce site peut-elle faire partie du plan de relance ?
Elle a annoncé en janvier dernier le lancement d’un appel à projets pour la création de deux parcs nationaux en Wallonie.
Que penserait-elle de la création d’un parc national urbain sur ce site ?
Source : www.parlement-wallonie.be
Réponse écrite de Mme Céline Tellier, Ministre Ecolo de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Une distinction existe entre Parc naturel, Parc national, et Parc national « urbain ». Le concept de « National Urban Park » ou de « National City Park » est un concept assez récent (1995) venu de Suède, mis en œuvre également au Canada, et discuté actuellement en Grande-Bretagne notamment.
Le Parc naturel couvre un « territoire rural d’un haut intérêt biologique et géographique » incluant des villages et tout un tissu socio-économique local. Il poursuit des missions de préservation de la nature, mais aussi de protection du patrimoine bâti, d’aménagement du territoire et de développement rural et économique.
Le Parc national correspond à un standard international bien connu, tel que repris notamment dans la classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui le définit notamment comme une « aire protégée administrée principalement dans le but de préserver les écosystèmes et aux fins de récréation ».
Les deux projets de Parcs nationaux que la Wallonie ambitionne de développer répondront à ces critères et standards internationaux, et le cadre wallon sera fixé sous peu par un comité d’experts.
Le Parc national urbain n’a pas non plus de statut légal en Wallonie, mais certains vastes espaces verts, boisés ou non, situés dans ou à proximité des villes pourraient être considérés comme tels. Comme il n’existe que très peu de référents internationaux pour ce concept, son champ d’application reste largement ouvert. Une proximité intime avec une ville lui confèrerait pour principale vocation d’offrir à la population riveraine un large espace pour la détente et la promenade, avant un exceptionnel potentiel intérêt biologique préexistant.
Les 300 ha majoritairement agricoles du Ry-Ponet sont répartis sur 4 communes à l’est de la ville de Liège. Liège Métropole, la conférence des 24 Bourgmestres de l’arrondissement, désignera prochainement le bureau d’études chargé de réaliser un master plan de la zone. Il permettra de préciser les possibilités d’y faciliter l’accès et d’y développer des activités de découvertes, de détente et d’animations dans le respect des propriétaires, des exploitants et des usagers. L’aménagement du territoire et plus particulièrement les affectations au plan de secteur, compétences de mon collègue Willy Borsus, sont une dimension importante du projet.
L’intégrité paysagère, le caractère bocager, les chemins en terre doivent être préservés et la nature mériterait d’y être plus développée pour conserver tout le sens et l’attrait du projet. Depuis de nombreuses années, des centaines de personnes des alentours et au-delà réfléchissent et militent en faveur de la préservation et de la promotion du Ry-Ponet. Toute cette énergie et ces initiatives citoyennes trouveront je l’espère à s’exprimer dans le cadre de l’élaboration de ce plan.
Le Bois des Dames à Chaudfontaine, constitué d’une mosaïque de forêts et de landes herbeuses sur des terrains calaminaires, a, lui, fait l’objet d’une convention entre la commune propriétaire et l’association Natagora en vue d’y créer une réserve naturelle d’une cinquantaine d’hectares. Ce partenariat volontaire permettra de préserver cet espace d’une grande valeur biologique et paysagère.
En dehors de tout statut ou appellation, les espaces naturels à proximité des villes doivent être préservés, car ils répondent au besoin pour la population de rétablir un contact direct avec la nature et de s’y ressourcer. Et je soutiens bien évidemment ces deux initiatives, et j’aurai à cœur de participer au processus en cours dans le cadre de mes compétences.
Source : www.parlement-wallonie.be