Depuis de nombreuses années, le Centre Hospitalier Universitaire de Liège (CHU) souhaite agrandir les bâtiments et les parkings de son implantation de Notre-Dame des Bruyères, située à la lisière des quartiers de Chênée et de Grivegnée (Liège) et de la commune de Beyne-Heusay. Ce projet entraîne également de nombreuses modifications dans les bâtiments existants et une réorganisation des services.
Le processus d’extension des bâtiments et des parkings s’est avéré plus long et compliqué que prévu et il doit passer par de nombreuses étapes légales. Au vu du nombre et de la diversité des projets concernant le site Notre-Dame des Bruyères, les autorités communales de Liège ont ajouté une étape de plus à la procédure : elles ont incité le CHU à réaliser une étude d’incidences sur l’environnement. Celle-ci n’était pas obligatoire dans les conditions actuelles et on ne peut donc que féliciter la Ville d’avoir pris cette initiative qui permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble des changements prévus.
Vu l’ampleur et les caractéristiques du projet, cette étude d’incidences doit légalement être précédée d’une réunion d’information du public et d’une enquête publique afin de permettre à la population de faire part d’observations, de critiques et de suggestions qui devront être examinées dans le cadre de l’étude d’incidences.
Ce mercredi 9 septembre 2020, la Ville de Liège a donc organisé une réunion d’information du public avant que soit lancée, dès le lendemain, l’enquête publique sur le projet d’extension des parkings tenant compte du projet de restructuration du complexe hospitalier. Plusieurs membres de notre Plateforme ont assisté à cette réunion.
L’explication du contenu d’une étude d’incidences
La réalisation de l’étude d’incidences sur l’environnement ayant été confiée au bureau CSD, c’est son représentant, Monsieur Kevin Fontaine, qui a démarré les présentations.
Il a expliqué qu’une étude d’incidences consiste à mesurer les effets qu’auront les projets sur le sol, l’air, l’eau, le climat, le milieu biologique, le paysage et le patrimoine, la mobilité, la santé et la sécurité, l’acoustique, le cadre de vie, … et à proposer des actions pour réduire au maximum ces incidences ou à envisager d’éventuelles compensations.
Il a ensuite présenté comment la population peut intervenir, lors de la réunion d’information et de l’enquête publique qui la suit, en communiquant au bureau d’études des observations pour compléter le contenu de l’étude mais également à proposer des alternatives raisonnablement envisageables que le bureau devra étudier.
Pour voir la totalité de la présentation de Monsieur Kevin Fontaine, cliquez ci-dessous.
La présentation des projets d’agrandissements et leur planning
Monsieur Christian Franck, Directeur du Département Technique du CHU, a ensuite exposé les divers projets : l’extension des parkings, la rehausse de 3 étages au-dessus du bloc des urgences (aile E), la construction de nouveaux vestiaires, d’ateliers et d’une chaufferie.
Pour voir la totalité de la présentation de Monsieur Christian Franck, cliquez ci-dessous.
Le doublement des parkings, rendus payants et gérés par une entreprise privée
Enfin, le projet d’extension des parkings a été présenté par Monsieur Cédric Niels, représentant le consortium “6nergy Park” (association du Groupe Eloy Travaux, DEMOCO, OPTIMAL Parking, BEL Ingénieurs, AAST et HGA (Herbiet-Grosch)).
Le nombre de places de stationnement, à l’exception des 110 places des urgences, sera doublé. Le parking visiteurs passera des 214 actuelles à 522 tandis que le parking du personnel passera des 219 actuelles à 342 (et jusqu’à 544 si une seconde phase du projet est réalisée).
L’accès au parking du CHU deviendra payant (1,5 €/heure ou un forfait de 10€ par jour pour les visiteurs et 150€/an pour le personnel).
Pour voir la totalité de la présentation de Monsieur Cédric Niels, cliquez ci-dessous.
Les inquiétudes de la population exprimées lors de la séance d’information
Les personnes présentes dans la salle ont pu poser leurs questions et exprimer leurs inquiétudes sur les projets.
En termes de mobilité, un riverain a montré, chiffres à l’appui, l’ampleur du trafic existant déjà rue de Gaillarmont et a contrario la faiblesse de la desserte de l’hôpital par une seule ligne de bus ainsi que le manque de solutions en terme d’approches sécurisées pour les cyclistes.
Les présentateurs du projet ont expliqué que l’étude d’incidences montrera si l’extension de l’hôpital et des parkings aura un impact en termes de mobilité. Le représentant du CHU a également indiqué avoir essayé sans succès de faire pression auprès des TEC pour ramener d’autres lignes de bus devant le CHU, avant d’affirmer qu’il n’y a pas de solution du ressort du CHU pour permettre une meilleure approche pour les modes doux de déplacement (vélo, marche) et pour résoudre les problèmes de mobilité dans le quartier.
Plusieurs riverains du terrain du CHU ont exprimé leur inquiétude à la perspective d’avoir une nouvelle route desservant les parkings passant juste à côté de leur jardin (bruit, lumières, pollution), ou d’avoir un risque élevé de stationnement sauvage dans le quartier du fait de la tarification du parking de l’hôpital.
Le consortium 6nergy Park a indiqué que la route était une imposition du cahier des charges rédigé par le CHU qui imposait d’avoir une voirie excentrée pour éviter les croisements et les situations accidentogènes. Malgré tout, le bureau CSD s’est engagé à étudier une alternative de localisation de la route. Le CHU a indiqué, ici aussi, que le problème de parking sauvage n’était pas de son ressort.
En terme de biodiversité, une riveraine a noté avoir réalisé un relevé dans la prairie qui fait l’objet du projet d’extension de parking et que celui-ci montre une richesse intéressante. À son avis, il n’est pas possible de réduire l’incidence d’un asphaltage d’espace vert tout comme il n’est pas possible d’envisager une compensation : « bétonner, c’est bétonner » a-t-elle conclu.
En termes de patrimoine et d’intégration paysagère, une autre riveraine a exprimé son regret que ce site d’intérêt patrimonial et paysager soit mal compris : absence de prise en compte des drèves historiques et de leurs arbres remarquables, manque de prise en compte du château pastillé à l’inventaire du patrimoine et de ses annexes (ferme et fruitière qui seraient démolies), absence de lien avec le parc paysager du Ry-Ponet.
Le représentant du CHU a indiqué que la fruitière n’était pas un élément rare selon ses informations, qu’elle était en mauvais état et que son maintien serait source d’incivilités ; il a également répondu que l’accès au point de vue a été aménagé par le sentier réalisé récemment.
Monsieur Didier Henrottin, Bourgmestre de Beyne-Heusay, présent dans le public, est intervenu en tant que responsable de la commune voisine, contiguë au projet de parkings. Il a souligné, avec force, que le Ry-Ponet constitue un site d’intérêt paysager majeur et affirmé qu’il se montre très attentif à son avenir.
Il a indiqué qu’au vu de l’importante pression immobilière sur celui-ci, l’asbl Liège Métropole, au sein de laquelle siègent les bourgmestres des 24 communes de l’Arrondissement, ainsi que la Province de Liège, a demandé aux représentants des quatre villes et communes concernées (Liège, Beyne-Heusay, Chaudfontaine et Fléron) de se réunir afin de proposer les actions nécessaire en vue d’avancer dans la concrétisation d’un vaste projet d’intérêt métropolitain.
Il a invité le CHU, même si les agendas se bousculent, à se joindre à la réflexion.
L’enquête publique pour une expression plus large
D’ici au 24 septembre 2020, toute personne peut émettre ses observations et suggestions destinées à la réalisation de l’étude d’incidences.
Retrouvez l’avis de la Plateforme Ry-Ponet dans l’article suivant.